Aller au contenu
Affiche JO Paris 2024

Des Jeux Olympique verts, est-ce possible ?

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, qui prévoient d’accueillir plus de 15 millions de visiteurs à Paris, faisons le point sur les enjeux de l’organisation vis à vis de l’environnement, sur les objectifs fixés par le Comité Olympique de Paris 2024 et ses réalisations.

Le Comité d’Organisation des JO de Paris 2024 (COJO) a annoncé vouloir diminuer de moitié l’empreinte carbone des Jeux par rapport aux éditions précédentes, prévoyant 1,58 millions de tonnes d’émission de CO2, contre 3,4 millions en 2012 et 3,6 millions en 2016. Mais organiser des JO verts, concrètement, est-ce possible ? Quelles actions ont été mises en place et peut-on déjà parler de réussite

Les Objectifs du comité pré JO
Lors de sa candidature, Paris 2024 avait mis en avant son objectif d’insérer les Jeux dans une démarche de sobriété et d’accélération des mesures pour faire de Paris une métropole durable.

Affiche Paris 2024

    • Affiche des Jeux Olympiques 2024 |

Crédit

Un des points clés de la candidature de Paris aux JO portait sur l’intention de créer des installations spécifiques uniquement lorsque qu’il était impossible d’utiliser des sites existants, réduisant ainsi le besoin de construire 5% des infrastructures nécessaires aux JO, et précisant que les nouveaux bâtiments s’intégreront ensuite dans le territoire.

Concernant les transports, l’objectif affiché était de permettre 100% d’accès aux infrastructures en transports en commun, en améliorant l’offre en cohésion avec le plan de développement du réseau actuel, notamment via la création des lignes de métros 15, 16, 17, et 18 à l’horizon 2023.

Il était aussi question de concrétiser le projet visant à rendre la Seine propre à la nage.
Après la désignation de Paris en tant que ville hôte des JO 2024, le Comité d’Organisation publiait en 2021 son Plan Héritage et Durabilité, détaillant les actions du Comité Paris 2024 sur deux axes :  livrer des Jeux exemplaires sur les plans social et environnemental, et bâtir un héritage social et environnemental durable au service de la société et de la planète. Les actions prévues couvraient la construction et la mise en service des infrastructures sportives et logistiques autour de l’événement, ainsi que des actions pédagogiques et éducatives pour faire du sport un levier au service de la transformation écologique.

Le Comité pensait alors consacrer 52 millions d’euros à la mise en œuvre de la stratégie excellence environnementale. Aujourd’hui on peut constater l’avancement d’une partie des projets du Comité.

Résultat présenté par le COJO

Pour atteindre ses objectifs, selon le Rapport durabilité et héritage pré-jeux axe stratégique – livrer des jeux plus responsables publié en mai 2024, Paris 2024 axe sa stratégie sur plusieurs thèmes : l’énergie, l’alimentation et l’intégration des jeux à l’économie circulaire.

Il s’engage à desservir 100% des sites des épreuves par les transports en communs, à permettre le déplacement de 100% de la famille olympique en voiture électrique et à réduire de 37% par rapport à Londres 2012 le nombre de véhicules pour le personnel accrédité. De plus, grâce au  partenariat d’EDF,  les événements des jeux devraient être alimentés uniquement par des énergies renouvelables provenant de 6 parcs éoliens et de 2 parcs solaires.

La Plan Héritage et Durabilité vise à insérer les Jeux dans l’économie circulaire en garantissant une seconde vie à la majorité des équipements et matériels sportifs et promotionnels achetés ou produits pour les Jeux, en les louant lorsque c’est possible. Paris 2024 déploie une politique d’achats responsables, pour 90% d’origine française, en donnant priorité aux entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire avec des critères de performance sociale et environnementale forts.
Début 2024, Paris 2024 a été labellisé « AFAQ Focus RSE Achats Responsables » par l’AFNOR avec un niveau qualifié d’exemplaire. C’est la première organisation en France à obtenir un tel niveau.

Concernant la restauration, Paris 2024 valorise la production locale et favorise une alimentation responsable. L’offre de restauration pour les sportifs, le personnel et le public, sera à minima à 50% végétarienne et à 80% d’origine française. Paris 2024 s’engage aussi à éviter au maximum le gaspillage alimentaire, à redistribuer les invendus, à composter autant que possible et diviser par 2 les plastiques à usage unique, notamment en proposant de la vaisselle réutilisable.

Centre Aquatique de Saint-Denis
Centre Aquatique de Saint-Denis| Crédit

95% des infrastructures nécessaires aux Jeux sont existantes ou temporaires, conformément à la candidature. Seuls 2 sites ont été construits : le Village Olympique, construit pour être à bas carbone et qui devrait être réintégré dans le territoire sous forme de logements familiaux et de bureaux, valorisera ainsi 80% des déchets issus de son démontage ; le Centre Aquatique Olympique, dont le toit est tapissé de panneaux solaires, devrait couvrir 20 à 25% des besoins électriques du complexe et deviendra un lieu de compétition international.

En matière d’énergie, Paris 2024 a développé une alternative aux groupes électrogènes traditionnels, qui génèrent du monoxyde de carbone, très toxique, avec la mise en place de bornes électriques événementielles raccordées au réseau public ; ces bornes resteront en héritage après les Jeux pour profiter à d’autres événements. Le passage du diesel des groupes électrogènes à l’électricité du réseau Français devrait permettre ainsi une réduction des émissions de carbone de 90 %.

En l’état actuel du projet, on pourrait dire que les promesses du comité sont respectées. Cependant, ces actions sont-elles suffisantes ? A quoi ressemble réellement l’impact environnemental de ces JO ?

Réalité de l’impact environnemental

L’élargissement du réseau de transport en commun est l’un des grands échecs de l’organisation des JO. Bien que le prolongement de la ligne 14 vient d’être achevé, les autres lignes ne pourront être ouvertes qu’en 2025 suite à de nombreux retards causés par la covid.

Relayeur de la Flamme à Brignoles dans le Var
Relayeur de la Flamme à Brignoles dans le Var, | Crédit

Le trajet relais de la Flamme Olympique et son cortège comprend un total de 67 étapes sur plusieurs milliers de kilomètres incluant les trajets pour aller jusqu’aux territoires d’outre-mer et l’utilisation de multiples véhicules de transport, tels que des voitures thermique et hybrides, des bateaux, etc.. Ce parcours a généré 4 tonnes de CO2, auxquelles ils convient d’ajouter les émissions carbone liées aux déplacements du public pour voir la Flamme, qui repésenteraient environ 80% des émissions totales du parcours, selon Ouest-France.

A lui seul, le relais de la Flamme Olympique est responsable de 4% du bilan carbone des Jeux.

Que ce soit pour leur participation financière ou technique, les JO 2024 ont recours à de nombreux sponsors. Or l’implication des multinationales AccorHotel, ArcelorMittal, Coca-Cola, etc. pose problème en termes d’engagement environnemental, du fait de leur stratégie souvent jugée incohérente avec les accords de Paris. Par exemple, même si Coca-Cola affirme vouloir réduire l’utilisation de plastique à usage unique pour les JO, parmi les 18 millions de boissons prévues à la ventes, plus de 6 millions sont en bouteilles en plastique recyclé.

Phryge Olympique à Brest
                Phryge Olympique à Brest

Enfin, le transport constitue à lui seul 40% des émissions inévitables pour le bon déroulement des Jeux, selon le rapport Carbon Market Watch sorti à 100 jours des JO. Et pour cause, 10% des 15 millions de spectateurs viennent de l’étranger, sans compter les milliers d’athlètes, leurs accompagnateurs et les journalistes conviés à l’événement.

Selon le même rapport, si la stratégie appliquée par Paris 2024 pour les constructions et l’alimentation est robuste et est en accord avec les recommandations, elle manque de transparence pour ce qui est du transport des spectateurs et des achats non alimentaires comme les goodies.

En conclusion, Paris 2024 fait des efforts louables pour minimiser son impact sur l’environnement et est susceptible d’établir de nouvelles références en matière de durabilité pour les Jeux olympiques. Cependant, l’ampleur inhérente de l’événement signifie que des défis environnementaux importants subsistent, en particulier en matière de construction, de transport et de gestion des déchets.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *