Force est de constater que gonfler artificiellement les prix avant les soldes pour faire croire aux consommateurs qu’ils bénéficient d’une réduction importante, est une pratique qui finit par déconnecter les consommateurs de la vraie valeur des choses – toute production implique un coût humain et environnemental qui doit être rémunéré et compensé, et les incite à ne plus accepter d’acheter sans rabais.

Face à des consommateurs habitués aux prix cassés, il devient alors difficile de vendre à des prix « normaux » le reste de l’année. D’ailleurs, les enseignes déploient pour cela une stratégie de perpétuelle nouveauté, en petites séries (pour l’effet de rareté) : collaborations, séries limitées, renouvellement des collections en continu. De plus, elles pratiquent des réductions tout au long de l’année : ventes privées, promotions, offres spéciales, bons de réduction….

Vous l’aurez compris, dans ces conditions, les soldes n’ont plus vraiment de signification.

2. Les soldes ne sont pas forcément une aubaine
   Certaines enseignes poussent parfois le bouchon jusqu’à augmenter le prix des articles avant les soldes ou pratiquer presque sans discontinuer des soldes (qui sont par principe à durée limitée), comme ce fut le cas pour 19 sites de e-commerce qui ont été épinglés en 2017 par la DGCCRF pour avoir proposé de fausses promotions….

3. Les soldes ont un effet négatif sur l’environnement et les hommes
   Nous voilà donc au cœur de la “fast-fashion”, système qui entretient le cercle vicieux de la surconsommation et de l’insatisfaction ressentie devant les placards qui débordent, les vêtements de mauvaise qualité, abîmés dès le deuxième lavage et aussitôt remplacés. “En moyenne, une personne achète 40 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps“, selon l’Ademe. Acheter toujours plus pour toujours moins cher a un impact environnemental direct mais aussi sanitaire et humain. Selon l’ADEME, “20% de la pollution des eaux dans le monde serait ainsi imputable à la teinture et au traitement des textiles ; si les tendances actuelles de consommation se poursuivent, en 2050, le secteur textile pourrait émettre 26 % des émissions globales de Gaz à Effet de Serre ; selon une étude récente, 90% des microplastiques trouvés sur les rivages de la Suède sont constitués de fibres textiles synthétiques.”

Et pour parfaire le tableau, produire des vêtements à bas prix oblige à tirer sur les coûts de production : le choix des matières, de leur provenance et les conditions de travail des personnes qui les fournissent, le choix des teintures, des procédés, du lieu de confection… Toutes ces décisions impactent la qualité de la terre, de l’air, de l’eau, et entraînent pour les travailleurs du secteur des conditions de travail déplorables. Sans commentaire, voici un tableau qui parle de lui-même.

© Living Wage Now, actualisé par T. Mignon / La différence entre salaire minimum mensuel et salaire minimum vital dans quatre pays d’Asie.

En résumé : entre surproduction, surconsommation, impacts environnementaux, sanitaires et humains, l’industrie du textile a fort à faire pour s’améliorer.
Aidons-la, disons stop aux soldes et aux réductions permanentes et afin de nous désintoxiquer de la fast-fashion et de ses méfaits, posons-nous la question du besoin réel avant tout achat pour consommer moins mais mieux !

Quant à la seconde-main : pièces uniques, renouvellement permanent des articles, réutilisation de vêtements existants, réduction des déchets, impact environnemental et social amorti…
Et si c’était THE solution ?