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Textile et biodiversité : un enjeu pour notre futur !

Accélération de l’extinction des espèces et effondrement de la biodiversité

une abeille sur une fleur Le terme Biodiversité a été inventé dans les années 80. Il est la contraction de « diversité biologique ». Rappelons que l’humain fait partie de la biodiversité car il est en interaction avec un nombre important d’espèces et il en bénéficie directement : la production de bois, de poissons, l’eau filtrée, la régulation du climat, la pollinisation, etc. La biodiversité est le moteur du système du vivant sur notre planète et nous sommes en train de le gripper !

En effet, si l’extinction des espèces est un phénomène naturel, l’accélération phénoménale des disparitions d’espèces que nous connaissons ces dernières décennies et en particulier ces dernières années, est extrêmement inquiétante. Sébastien Moncorps, directeur Français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) , estime qu’on est aujourd’hui à un taux 100 fois supérieur à ce qu’il devrait être.

 

Le constat est rude. La terre a perdu environ 60 % des populations d’animaux vertébrés depuis 1970. Tous les écosystèmes et les milieux naturels sont atteints, à commencer par les milieux marins et aquatiques où le plancton est pollué par les particules plastiques, les poissons par les métaux lourds, etc. Ainsi 39 % des espèces marines ont décliné depuis la fin des années 70, et ce déclin atteint 76 % chez les espèces en eau douce.

De leurs côtés, l’agriculture et l’élevage intensifs, toujours plus gourmands en espace, accélèrent la disparition de forêts et de zones humides (mangrove, etc.) et l’usage des pesticides contamine l’eau et les écosystèmes.

 

Des difficultés à mesurer l’impact de l’industrie du textile sur la biodiversité

Une personne avec des gants prélévant de l'eauD’après le rapport Biodiversity Insights de Textile Exchange en 2021, si l’industrie de la mode a joué un rôle dans une diminution sans précédent des espèces ces dernières années, il est toutefois difficile de mesurer précisément ces impacts.

Cette complexité découle en partie du caractère complexe de la biodiversité en tant que domaine scientifique. Elle est étroitement liée à des zones spécifiques et nécessite une compréhension à la fois des espèces individuelles et de leur intégration dans un système plus vaste. Si cette tâche se révèle complexe pour les scientifiques, elle est d’autant plus difficile à gérer pour les marques dont les sources et les chaînes d’approvisionnement sont réparties partout à travers le monde.

Selon l’étude du cabinet McKinsey publiée en 2020, la plupart des impacts négatifs proviennent de trois étapes de la chaîne de valeur : la production de matières premières, la préparation et le traitement des matériaux et la fin de vie des produits.

Un champ de fleur de cotonAinsi, l’impact de certaines pratiques et de certaines cultures est clairement identifié. Le cuir et la viscose sont souvent désignés par exemple, comme les principales matières premières responsables de la déforestation d’écosystèmes critiques comme l’Amazonie.

Par ailleurs, le coton, première fibre textile consommée à l’échelle mondiale en raison de sa qualité et de son pouvoir absorbant, est aussi considéré comme une source majeure de pollution car sa culture est très gourmande en eau et en pesticides.

En effet, un quart des pesticides utilisés dans le monde est dédié à la culture du coton, qui nécessite également 4 % des fertilisants azotés et phosphorés utilisés à l’échelle mondiale. Ces pesticides contiennent des dérivés de l’arsenic qui entraînent plusieurs conséquences néfastes, comme mettre en danger la santé des travailleurs qui y sont exposés et polluer les sols, les eaux et la biodiversité des écosystèmes.

Au total, 4 % de l’eau potable disponible dans le monde serait utilisée pour produire nos vêtements, ce qui fait du textile le troisième plus grand consommateur d’eau après la culture de blé et de riz ! Cette énorme consommation d’eau entraîne des répercussions visibles sur les écosystèmes, et l’exemple le plus frappant est l’assèchement catastrophique de la mer d’Aral en Ouzbékistan.

Fil de tissu colorés bleu et rougeL’étape de la teinture est essentielle pour colorer nos vêtements, mais elle implique l’utilisation de quatre substances toxiques majeures :

  • Les éthoxylates de nonylphénol (NPE) qui servent à fixer les couleurs.

  • Les colorants azoïques.

  • Les phtalates.

  • Le formaldéhyde, un agent cancérigène utilisé pour les vêtements ne nécessitant pas de repassage.

Toutes ces substances sont hautement toxiques pour les travailleurs, les consommateurs et les écosystèmes. Lors du rinçage, une partie des colorants est en effet rejetée dans les eaux usées, causant des dommages importants sur la biodiversité des écosystèmes..

Des solutions potentielles parfois complexes à mettre en pratique.

Eau pollué avec pleins de déchetsCertaines entreprises du secteur textile se démarquent par leurs efforts visant à intégrer la biodiversité dans leurs activités. C’est notamment le cas de Kering, qui est reconnu comme un leader dans ce domaine grâce à sa méthodologie de compte de résultat environnemental (EP&L) prenant en compte la biodiversité.

Cependant, ces initiatives restent des exceptions et la réalité est que la plupart des entreprises de mode n’ont pas encore répondu de manière adéquate à la menace qui pèse sur la biodiversité. Selon Jeffrey Hogue, responsable de la durabilité chez Levi Strauss & Co, qui a contribué au rapport de Textile Exchange, « nous devons parvenir à un stade où la protection des espèces, des forêts et des écosystèmes est intégrée dès le début dans la conception des vêtements et dans tout le processus de fabrication ».

Selon l’étude de Mc Kinsey publiée 2020, il faut faire évoluer les techniques agricoles utilisées pour produire les matières premières pour réduire dans une certaine mesure l’intensité de l’utilisation de l’eau, des engrais et des produits chimique ! Micro-irrigation, culture biologique et régénérative. Mais cela nécessite pour les marques d’informer, d’innover et d’investir auprès des agriculteurs et producteurs de matières premières.

Pour réduire son impact environnemental, l’industrie textile a intérêt à diminuer la pollution des cours d’eau due à la teinture et au traitement des textiles en s’engageant auprès des fournisseurs en faisant respecter des normes plus strictes sur l’utilisation de substances interdites et le rejet des eaux usées. Ensuite peuvent intervenir des options de haute technologie pour réduire les déchets non biodégradables, en passant par exemple du traitement humide à la teinture sans eau, en choisissant l’impression numérique, qui réduit la dépendance à l’eau et aux produits chimiques ou en privilégiant des teintures naturelles.

Si les producteurs et les marques de l’industrie textile jouent un rôle primordial dans la diminution de l’impact environnemental. Les consommateurs ont également un rôle prépondérant pour réduire l’empreinte écologique de leurs vêtements.

Le consommateur par ses choix a un rôle à jouer

Une femme choisissant des vêtements Malgré ces engagements, les efforts produits ne suffisent manifestement pas face au déclin rapide de la biodiversité et des ressources naturelles. Et malheureusement, le rythme de production des vêtements ne semble pas ralentir si on en juge l’engouement actuel pour l’ultra fast fashion avec des plateformes comme Shein.

Il devient pourtant crucial en tant que consom’acteur de réorienter nos choix de consommation d’habillement, que ce soit en quantité ou en qualité :

  • Opter pour des pièces intemporelles et durables,

  • Choisir des marques qui proposent des produits plus écologiques, fabriqués à partir de matières biologiques telles que le coton, le lin, la laine et le cuir végétal, et/ou des matériaux recyclés,

  • Privilégier des produits conçus en Europe, voire localement, dans le respect des travailleurs et de l’environnement.

Favoriser de véritables solutions respectueuses de la biodiversité passe également par le troc, l’achat de seconde main ou la location de vêtements qui constituent de véritables alternatives pour diminuer notre consommation de nouveaux textiles et donc notre impact sur l’environnement

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